La crise financière est l'ultime épisode du dérèglement du monde depuis la fin des Trente Glorieuses. Mais l'ancien monde à l'agonie ne doit pas cacher le nouveau. Ainsi, dépenses et endettement publics que tous les gouvernements ont tenté en vain de juguler, traduisent avant tout l'irrépressible montée d'un nouveau modèle de développement fondé sur le capital humain, l'individu, la connaissance, la compétence, la santé, le lien social...
Mais que faire quand le social, le bien commun ou le service public sont au coeur de la richesse? Quand produire consiste d'abord à se produire? Quand le travail de la connaissance ne s'accommode plus des règles du travail industriel? Auand ni l'Etat ni le marché ne peuvent faire face à cet appel d'une croissance nouvelle et à l'émergence d'un secteur quaternaire?
Tel est le défi autant politique qu'économique que ce livre entend relever. Le chemin passe par la mobilisation de la société civile et de ses organisations naturelles, comme les associations, pour participer à la production du bien commun, par des transferts de ressources vers ce qui produit vraiment la richesse, loin du fétichisme de la monnaie et des marchés financiers, par une réévaluation de ce que travailler veut dire, par un nouveau sens de la connaissance et de l'éducation... Bref, par une transformation de notre économie qui engage aussi celle de notre démocratie. Y sommes-nous vraiment prêts?
Roger Sue est professeur à la faculté des sciences humaines et sociales de la Sorbonne-Université Paris Descartes, chercheur au Cerlis-CNRS. Il est aussi membre de la Fonda et préside le comité d'experts de Recherches et Solidarités. Parmi les livres publiés, La société contre elle-même (Fayard, 2005), De gauche? (avec Alain Caillé) (Fayard, 2009), Renouer le lien social. Liberté, égalité, association (Odile Jacob, 2001), et La Richesse des hommes. Vers l'économie quaternaire (Odile Jacob, 1997).